Définition D'ultras Mouv

 

Les ultras forment une catégorie particulière des supporteurs assistant aux compétitions sportives, dont le but est de soutenir de manièrefanatique son équipe (ou son sportif) de prédilection. Ce type de supporters se retrouve surtout dans le monde du football, mais existe également de manière plus réduite en basket-ball, en handball, en hockey sur glace ou encore en rugby. Sébastien Louis définit les ultras comme étant les« jeunes supporters italiens qui s'organisent au sein d'associations pour soutenir activement les équipes de football à partir de la fin des années 60. Ils encouragent les leurs au moyen de slogans et d'animations visuelles »1.

Le soutien des ultras se traduit par l'animation des rencontres (tifoschants, etc.) et par l'organisation de déplacements afin de soutenir l'équipe « à l'extérieur ». À la différence des autres groupes de supporters, souvent informels, un groupe ultra s'organise en une structure indépendante vis-à-vis du club. Parfois ces groupes se distinguent également par des engagements politiques, comme par exemple les groupes affichant les couleurs nationales, même si la plupart des groupes ultras sont apolitiques.

 

L'origine du mouvement ultras est contestée. De nombreux groupes provenant de divers pays font des réclamations sur la base de leurs dates de fondation. Le niveau de conflit et la confusion est facilitée par une tendance contemporaine (principalement en Europe) pour classer tous les groupes de supporters ultras comme ouvertement fanatiques. Mais c'est bel et bien en Italie qu'apparaissent les premiers groupes de supporters qui se réclament du mouvement ultra à la fin des années 19601.

Les groupes de supporters d'une nature comparable à des ultras existeraient en Hongrie depuis 1899 ; les Fradi-Szív de Ferencváros TC ont été fondés en janvier 1899. Suite à l'annonce de la création d'un club de supporters, 84 nouveaux membres sont enregistrés en tant que supporters en trois heures, 1000 en deux jours, 4000 en un mois. Les membres, selon le type d'abonnement, payent un montant différent : les membres simples ont une carte blanche, les supporters une carte verte, sur laquelle est indiqué le nom du titulaire2,3.

Torcida Vasco de Gama en 2007

Une forme de supportérisme proche du mouvement ultra apparaît au Brésil en 1939 avec la création à São Paulo de la première Torcida organizada4. Ces groupes de supporters fanatiques n'ont rien à voir avec les organisations existantes jusque-là au Brésil comme ailleurs. Ils utilisent des bâches à leurs noms, agitent des grands drapeaux et chantent durant tout le match5. Dans le cas des Torcida, puis des ultras, ces groupes ne sont pas liés directement aux clubs dont ils portent les couleurs, contrairement aux clubs officiels de supporters existant depuis la fin du xixe siècle en Europe comme en Amérique du Sud.

Cette forme de supportérisme se développe en Europe via la Yougoslavie. Les actualités cinématographiques yougoslaves diffusent des images de la Coupe du monde de football de 1950, avec de nombreux plans de foules exubérantes : les fameuses Torcida. Les supporters de l'Hajduk Split sont les premiers Européens à adopter cette attitude dès le 28 octobre 1950 à l'occasion d'un match contre l'Étoile rouge de Belgrade. Ce premier groupe prend pour nom Torcida. L'intensité de la partie face au grand rival et le but victorieux inscrit à la 87e minute aide à la naissance du mouvement. Les supporters envahissent le terrain au coup de sifflet final, et portent en triomphe le buteur jusqu'au centre de la ville. Les « exploits » des fans de l'Hajduk Split marquent le football des années 1950 et années 19606.

Au début des années 1950, des présidents de clubs italiens décident de regrouper et canaliser leurs supporters dans des structures1. Au Torino, ils prennent le nom de fedelissimi (les fidèles) et de circolo biancoceleste à la Roma1. Mais c'est dans la seconde partie des années 1960 que se développe le mouvement ultra. En effet, la société italienne traverse de profonds changement. Les jeunes, comme partout en Europe désirent s'émanciper de leurs parents. Dans les stades, ce modèle se reproduit et les plus jeunes supporters, qui sont souvent les plus fervents, quittent les clubs traditionnels pour fonder leurs propres groupes1. Ils se regroupent dans les tribunes où l'accès est le moins cher, souvent derrière les buts. Lors de la saison 1968-1969, voit le jour au Milan AC la Fossa dei Leoni qui est le premier groupe à se revendiquer ultra. Elle est née sous l'impulsion d'adolescents qui se retrouvaient près de la rampa 18 de la partie sud du stade San Siro. Puis, c'est chez le voisin de l'Inter de Milan qu'apparaissent les Boys San 1969 ainsi que les Ultrà Tito Cucchiaroni, de laSampdoria de Gênes du nom d'un joueur populaire auprès des jeunes supporters de la Sampdoria7. C'est le premier groupe à porter le nom d'ultra. Ce terme a été choisi en référence aux ultraroyaliste qui faisaient aboutir leurs idées par la violence1. Le mouvement devient incontournable en Italie durant les années 19708, pendant lesquelles la culture « ultra » prend véritablement corps.

Cette forme de supportérisme atteint la péninsule ibérique à la fin des années 70, début des années 80 : Biris Norte du FC Séville en 1975 puis Ultras Sur (1980) au Réal de Madrid et Boixos Nois (1981) au FC Barcelone ; Juventude Leonina en 1976 au Sporting Portugal puis Diabos Vermelhos du Benfica Lisbonne en 1982.

Puis le mouvement ultra atteint la France au milieu des années 1980. Le premier groupe ultra en France est le Commando Ultra de l'Olympique de Marseille fondé en 19849, suivi desBoulogne Boys du Paris Saint-Germain Football Club et la Brigade Sud Nice de l'OGC Nice, tous deux fondés en 1985. Feront suite les Yankee Nord, les South Winners 8710 puis lesFanatics à Marseille, les Bad Gones à Lyon, les Ultramarines à Bordeaux.

Cette forme de supporters laisse froid les pays de culture anglo-saxonne comme l'Anglettere, la Belgique ou les Pays Bas dont les supporters préfèrent nourrir une relation directe et personnelle avec « leur » club plutôt que de passer par un groupe de supporters. C'est la base même de l'antagonisme qui oppose ultras (l'école dite italienne) et hooligans (l'école dite britannique). Toutefois, des ultras apparaissent dans ces pays dans le milieu des années 1990 : les Ultras Inferno du Standard de liège en 1996 (qui sont une émanation du groupehooligan Hell-Side11)12. Au début des années 2000, des groupes se montent au Royaume Uni, les Red Ultras d'Aberdeen puis la Green Brigade en 2006 au Celtic de Glasgow. Seule l'Angleterre n'accueille pas de groupes ultra.

Autre pays ayant sa propre tradition de supportérisme, l'Allemagne et ses fan-clubs remontant aux débuts des années 196013. Quelques groupes se montent au milieu des années 1980comme les Fortuna Eagles du Fortuna Cologne et les Mad Boys de Leverkusen13. Mais c'est dans le milieu des années 1990 que le mouvement prend de l'ampleur dans les tribunes allemandes. En 1994, le premier groupe avec le nom « ultra » est créé au FC Nuremberg, les Prosillos Ultras de Fribourg en 1996, les Ultras Francfort en 199713. Ces groupes mettent du temps à s'implanter dans les « kurves » car les fan-clubs y sont présents depuis des décennies13.

 

Il n'y a pas de définition qui permet de définir le mouvement ultra mais des règles non écrites. Sébastien Louis1 résume les principes ultras en 6 points :

  • l'autofinancement (par la vente de gadgets et adhésions)
  • l'indépendance (vis-à-vis du club notamment)
  • la solidarité entre membres du groupe
  • la présence à domicile comme à l'extérieur
  • la loyauté en cas de conflits avec d'autres supporters (pas d'utilisation d'armes ni d'attaque contre des non-ultras)
  • le respect envers les ultras ayant de l'ancienneté
Utilisation de fumigènes par les Ultras du PAOK Salonique.

La finalité du groupe ultra est d'encourager son équipe favorite. Pour cela ses membres chantent, agitent des drapeaux, étendards et tifos, se servent parfois de moyens pyrotechniques qui sont désormais interdits dans la plupart des stades. Les ultras créent aussi des animations visuelles spécifiques dans la partie du stade où ils sont situés, on parle alors de tifo. Les premiers tifos en Italie étaient rudimentaires : des grands drapeaux agités lors de l'entrée des joueurs. Puis à partir de 1975, desengins pyrotechniques sont utilisés notamment dans les villes portuaires où il est facile de s'en procurer (obligatoire sur les bateaux)1. Lors du derby gênois, les Ultrà Tito Cucchiaroni sortent une grande voile qui recouvre une grande partie de la tribune. En mai 1986, les ultras de la Roma réalisent le premier tifo à base de bandes plastiques sur le virage sud lors du match contre laJuventus